Episode 2 : Le seuil de la peur
- Nicolas Marie-Jeanne
- 10 juil.
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 12 juil.

Le contremaître, un homme massif au visage buriné, entra d’un pas lourd, sa carrure renforçant l’impression de menace. Ses yeux, brillants d’une lueur cruelle, semblaient chercher une faille à exploiter. Il exécutait son rôle avec un zèle dérangeant, comme s'il savourait la mission qu’on lui avait confiée. Les ordres étaient clairs : maintenir Marie sous pression, à tout prix. Lorsqu’il parla à nouveau, sa voix rauque et perçante était comme un grondement. Il accentua ses paroles d’un geste brusque, pointant un doigt accusateur vers elle.
« Tu crois que tu vas rester là à ne rien faire ? Va chercher les chevaux dans la vallée, et vite ! Si l’un d’eux se blesse, je te jure que tu le regretteras. »
Il se rapprocha encore, son ombre imposante couvrant Marie. Son poing se crispa contre son flanc, et un ricanement bas, presque imperceptible, échappa à ses lèvres, comme s’il se délectait de son emprise sur elle. Ses mots, lourds de colère à peine maîtrisée, sifflaient comme une menace sur le point d’éclater.
Chaque mot pesait sur Marie comme un fardeau. Elle sentit ses mains se crisper davantage sur la longe. Ses épaules se contractèrent, écrasées par l'imminence du danger. Une nausée monta en elle, qu’elle réprima par une profonde inspiration. Son estomac se nouait un peu plus à chaque seconde, mais elle serra les dents, déterminée à ne pas flancher. Le tonnerre gronda à nouveau, comme un écho de sa frustration exacerbée, rendant son souffle plus court.
Le seuil de l’écurie semblait infranchissable. Le vent soulevait une poussière aveuglante qui lui piquait les yeux. L’odeur âcre de la paille humide et le vent glacial sur sa peau accentuaient l’intensité de l’instant. Marie observa le ciel menaçant. Un éclair fendit les nuages noirs. Il inonda les collines encore visibles, en cette fin d’après-midi, d’une lueur spectrale. Elle prit une profonde inspiration, espérant trouver, dans ce court moment de répit, la force qu’elle redoutait de ne pas avoir. Les souvenirs de ses échecs passés hantaient son esprit, menaçant de la paralyser. Elle secoua la tête, chassant l’image obsédante de cette chute lors d’un sauvetage manqué et le poids écrasant de la culpabilité. Les hennissements des chevaux fendaient l’air, tantôt longs et plaintifs, tantôt courts et paniqués, exprimant leur anxiété croissante à l’approche de l’orage. Ces appels déchirants martelaient l’esprit de Marie, intensifiant son malaise. Le sol tremblait sous l’impact d’un tonnerre si proche qu’il paraissait faire vaciller l’écurie, prête à se briser. La lumière éblouissante des éclairs projetait des ombres mouvantes, amplifiant la confusion et l’urgence.
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